mercredi 1 janvier 2014

2014 est arrivé, sans chichis, 
comme 2013 avant elle,
mais pleine de frayeurs que 2013 ne portait pas. 

2013 a démarré avec Jeddo et sans Victoire. Le vieil homme a cédé sa place à la jolie poupée; les jeux de farine aux saveurs à créer ont cédé le pas aux tableaux comptables et aux angoisses patronales, 

le pain semble relégué au second plan pour un temps.

Alors quelques gravures égyptiennes des métiers farineux pour se mettre en route 




(le boulanger, le meunier, le fabricant de pâtes sucrées)

samedi 23 novembre 2013

Les bonnes étoiles.


Qui sont-elles ces bonnes étoiles ?

Elles sont partout autour, pas du tout loin dans le ciel mais là, tout près. Elles sont dans la personne qui vous a présenté tel endroit en vous prenant par la main, ou chez celle qui vous guide quand vos idées s’emmêlent et qui vous ne trouvez plus le nœud de la pelote. Elles sont là, à côté de moi quand je demande un service et que je reçois de quelqu’un toute une après-midi pour me le rendre. Elles sont dans tous ces petits mots d’encouragement et de solidarité que je reçois.

Elles sont des tâches.




Des tâches de peinture qui viennent colorier tous les dessins que je trace maladroitement, images 2D d’un projet qui naît. Et puis il y a la Bonne Etoile Ultime (BEU). Elle, elle met du relief à tout ça. Elle me parle en secret à mes heures perdues, elle chante à mes oreilles et me permet de dire merci…sans cesse…à tout…

Est-ce que toutes ces bonnes étoiles arrivent seules sur mon p’tit GR de vie ou est-ce qu’au fond, inconsciemment, on les provoque ?
Est-ce que ces musiques sacrées qui résonnent chez moi le matin me permettent d'être dans un état de réceptacle de bonnes étoiles ?

En tout cas, ça sent la voie lactée. Et ça sent bon.



mardi 22 octobre 2013

Des tirades de théâtre et des miettes de pain



C’est le 22 octobre, je suis toujours sans emploi, mes journées s’enchaînent sans être toujours remplies. Elles perdent le sens que je pensais leur donner, alors je les remplis de prières, comme des petites perles semées le long d’un chemin où les gens marchent plus vite que moi. Je retrouve dans les pages de mon ordinateur des textes écrits à 17 ans, j’y réalise combien la colocation avec Nicolas me marquait, par ses petites taquinades et notre relation complice. Je retrouve des tas de choses qui se sont entassées dans la mémoire vive (ou non) de mon écran en couleurs. Les mots remplissent et débordent partout. Je ne cessais d’écrire. Tout est consigné, dans un joyeux désordre, des paragraphes par ci, par là. 

Des lettres écrites, pas toujours envoyées. 

Je retrouve une Marie fraîche et joyeuse, émerveillée de l’arc en ciel d’un jeudi saint, désespérée l’année de l’hypokhâgne. Je me retrouve et me redensifie. 

Puis je ferme tous les documents, je retourne visiter mes fonds de commerce et passer à la vie qu’on ne rêve plus, la vie des grands où les études de marché et business plan ont pris le pas des arc en ciel de mon adolescence !


Suis-je donc une trouillarde de la vie ou une joyeuse de la vie ? Je sais faire du pain, de quoi ai-je peur avant de me lancer ? 
Eh bien moi je crois qu’il y a une petite voix en moi, peut-être un peu lâche, mais qui est la voix sensible. Celle qui me dit que oui, aujourd’hui, je sais faire du pain mais je ne sais pas faire une famille. Et que si je veux réussir à faire les deux un jour, il faudra apprendre à faire du pain en douceur et pas du pain comme une brute, il faudra réussir à dessiner un projet porteur de sens, dans lequel tout ait une place. Ou le déséquilibre sera constant.




Et en ce moment les gens que je rencontre sont des boulangers qui ont fait la place à leur corde sensible aussi, à leurs passions, et ce n’est qu’ainsi d’ailleurs que leur pain est bon. Ils le font en sachant qu’autre chose existe, ils refusent d’être dévorés, et leurs yeux brillent.



Alors peut-être que dans cette boulangerie qui va naître, il y aura la place aux mots, ces mots enfouis, perdus, dans lesquels j’aime me lover, il y aura Beethoven et Supervielle. Des mélodies et des livres, des tirades de théâtre pleines de miettes de pain. Des cheveux bouclés en fouillis, et ce n’est qu’ainsi que je pourrai mettre plein de sourire et de joie dans mes pâtes. 

Et alors je serai une boulangère joyeuse de la vie.



mardi 8 octobre 2013

et ça avance...



« Alors ton projet, ça avance ? »
Cette question me glace les sangs.
Ou plutôt non, cette question me glaçait les sangs. Parce qu’aujourd’hui je peux dire que OUI, mon projet avance.

Nous sommes le 8 octobre, soit exactement un mois après la fin de mon contrat. Tout est arrivé en un mois. La vie m’est revenue, comme une grande claque, qui m’a fait tendre la joue gauche, puis la droite, puis la gauche à nouveau jusqu’à m’en étourdir.



Je n’écouterai pas tous ceux qui me disent de passer un an à « me construire » avant de me lancer à corps perdu dans un projet chronophage. Je tâcherai plutôt de réussir à faire du pain et à garder en moi le flamme de la vie. Que signifie « se construire » avant ? Est-ce que cela veut dire qu’une fois que l’on est construit on peut s’enterrer dans sa boulangerie ? Mais est ce qu’un panneau signalétique nous dira « ça y’est mon enfant, tu es construit, ouvre ta boulangerie » ?

Alors mon projet avance, à petits pas, mais il est loin de reculer !

Faire du pain reste une joie.

ULTREIA !



mercredi 11 septembre 2013

Le vide.



Et donc j’ai quitté le Farinoman. C’est drôle comme les articles de ce blog s’espacent et racontent à des mois et des mois d’écart des pans entiers de vie, qui ont vu des jours se succéder avec leur lot d’humeurs et qui pourtant les balayent en une ligne.
J’ai quitté le Farinoman pour penser à créer ma boulangerie, celle qui sera le fruit de toutes ces années, et qui mêlera l’amour des mots à celui des pâtes. Il y a déjà eu de nombreux petits pas en avant, l’approche des prévisionnels de création, recherche de locaux, de matériels, de partenaires. Les conseils des comptables, des banquiers, des autres boulangers. La question de savoir dans quelle ville s’installer, etc.

Et puis il y a eu ces quelques jours sur le chemin de Saint Jacques, à la rencontre des autres, ces autres auxquels je me suis fermée pendant tant d’années, de week-ends, de soirées, de vacances, et qui pourtant sont partout !

On dit que ce chemin devient une drogue, et oui, les images sont là devant mes yeux lorsque je les ferme, je fais tout pour ne pas les oublier. Je suppose que chacun des membres du groupe a repris les préoccupations de son travail, ce n’est pas mon cas, je n’ai rien repris, je veux garder vivace la grâce de cette semaine si particulière.


(me trouverez vous sur cette photo....? ;) )
Aujourd’hui je n’ai plus d’emploi pour la première fois de ma vie, oh, je sais bien que c’est nécessaire pour réfléchir à la manière d’orienter ma route, 


Faut-il continuer à forger un peu son expérience, pour être plus forte dans quelques années ? Pour peaufiner l’idée de mon fournil ? Ou profiter de l’énergie qui est là aujourd’hui ? Faut-il cesser de faire passer le pain avant ma vie ? Ou se dire que c’est justement le moment de lui consacrer la part belle… ?

Rester à Aix. Quitter Aix. Mais j’aime tant Aix !.......

J’ai conscience d’être à l’heure où les choix seront fondamentaux.
Je demande le discernement.

vendredi 2 août 2013



C’était un jour de repos. Je ne travaillai pas aujourd’hui.

Comme à l’ordinaire à 2h30 mon corps était éveillé, prêt à partir enfourner mille et mille pâtons pour les voir exploser à la sacro-sainte chaleur du four et devenir des pains savoureux, plus savoureux les uns que les autres.





C’était un jour de repos, qui précédait de peu mes vacances


– mes vacances définitives du Farinoman, et je me sentis la responsabilité d’aller quand même à la boulangerie vérifier qu’ils avaient bien acheté les pommes à éplucher le jeudi pour le pain du vendredi. Qui allait y penser puisque Daphné était en congé ?

C’était un jour de repos, je pris conscience que j’étais fondue à mon lieu de travail. Je partis faire mon marché, et apporter un café à mon collègue qui était seul à la boutique. J’y croisai une cliente et sa fille, la petite Eléonore, une de mes petites favorites. « Bonjour Eleonore, tu me fais un bisou ? Tu t’amuses bien pendant tes vacances ? »



Un jour de repos, je constatai combien le commerce de proximité me plaisait. Ces liens noués avec maints et maints clients agréables (au milieu de combien d’autres désagréables cependant !), qui se développaient au fil du temps, l’un ou l’autre devenus des amis que je voyais à présent en dehors du travail. Les forains de la place des Prêcheurs, je les connaissais tous à présent. Impossible de faire mes courses en dix minutes, il fallait compter une demie heure pour prendre le temps de saluer chacun. Et les petits commerçants sur le chemin du retour. Deux années en farinomanie, c’était aussi deux années passées à aller à la rencontre des gens sur le chemin. Les gens du trajet, ceux que l’on voit tous les jours et auxquels on parle et auxquels, peu à peu, on s’attache.