mercredi 12 mars 2008

Le mémoire

Je m'étais dit dans un élan de désespoir qu'il fallait changer de sujet, que travailler sur une mise en scène indienne à partir de 4 photos en noir et blanc et 8 articles de journaux, ça ne suffisait pas.
Je m'étais dit, dans cet élan de désespoir, que je ne travaillerais plus que sur la création de La Folle de Chaillot par Jouvet
Dans cet élan de désespoir, à Beyrouth, mon père: "essaye de trouver l'adresse du metteur en scène indien
-Papa, tu comprends vraiment rien, j'ai déjà tapé mille fois son nom dans Google, je ne trouve rien, rien, RIEN. Pas de livres sur elle, d'elle, pas d'adresse. Niet. Le néant. Le gouffre abyssal de l'ignorance, rhâ (geste tragique pour replacer mon voile grec sur mon épaule, et m'en retourner d'un pas grave sur mes cothurnes)
-Réessaye toujours
-Mais on n'a pas Internet ici
-Va chez oncle Albert
Oncle Albert. Mais oui. Le frère de ma grand mère. Qui habite à 31 secondes. Alors je tente. Chez Oncle Albert, ma cousine Aline, et son amie de New-York. Je retape le nom du metteur en scène, je ne trouve rien. Evident. Elan de désespoir, à nouveau. Puis on discute, avec l'amie de New York, et pendant ce temps, d'un air machinal et tragique - toujours - je fais défiler les pages avec la mollette bruyante de la souris. Scrounch scrounch qu'elle fait, la souris, quand je fais glisser les pages. Et on discute.
Je suis las
Je suis triste
Et soudain.
Le nom de ma metteur en scène suivi de @yahoo.fr
Glps.
Serait-ce son adresse ?
Impossible, la page Web date de 2001, elle a eu le temps de changer entre temps.
Je tente le tout pour le tout, je lui écris. J'écris également au Festival d'Avignon, qui sait, ils pourraient avoir conservé son adresse, depuis 1995...
24h plus tard, une réponse. Pas du festival d'Avignon. De l'Inde. Sourire, illumination, je quitte mes cothurnes.
C'est mon Indienne qui a une vidéo de son spectacle et des articles, qui me dit qu'elle va tout transférer sur un cd et me l'envoyer. Que je n'ai rien à payer, qu'elle est ravie que je travaille sur son adaptation de la pièce. Mentalité anglo-saxonne du "Dear Maria" et de la promptitude à répondre.
Je ne savais pas que neuf longues et douloureuses semaines d'attente, de tractations, et de rebondissements retarderaient l'acheminement de ce colis, paralysant mon travail de mémoire.
Et vendredi, le colis est arrivé. Voilà.
Une foule d'informations nouvelles. Mes amis, j'ai 70 pages de matière en puissance et je dois en écrire 40 maximum. Il faut couper, sacrifier, amputer.
Souffrir, et repartir sur mes cothurnes, drapée dans mon voile tragique. Dignement.

2 commentaires:

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…

J'adore... j'adore... le ton, ce flegme anglais, faussement désabusé. Tu devrais écrire un roman ou autre avec ce petit ton caustique drôle et très pice-sans-rire. En ce moment je pense à toi en lisant Jane Austen et me fustige et m'auto-flagelle de ne pas t'écrire plus souvent...