dimanche 22 novembre 2009

Clown

Je prends des "cours de clown" tous les jeudis.
si l'on peut toutefois dire qu'il s'agisse d'un cours

on dira plutôt une "réunion de clown"
"une clownerie hebdomadaire"
"une bonne poilade"
"une soirée de remise en forme"
"une thérapie par le rire"
"du bonheur concentré"
"une profondeur quand même"

le jeudi soir, c'est tout ça. C'est fort.

tentons d'expliquer.

j'ai longtemps cherché un bon cours de théâtre. Un vrai cours, où l'on pourrait monter une vraie pièce et la jouer avec sérieux et rire sur une scène. Je ne voulais pas de sketches débiles dans une maison des associations municipales.
J'ai trouvé mon bonheur l'année où j'ai joué Ubu Roi au Guichet Montparnasse. On avait joué 2 mois, une expérience de rêve.
Et puis il y a eu l'Angleterre,
Et puis il y a eu la boulange.

Là, la donne a changé.
Pendant un an, j'ai eu des horaires trop changeants pour m'engager pleinement dans un cours. J'étais trop fatiguée pour apprendre un texte, pour lire,
et puis de toute façon, je n'en avais plus envie. Ma vie, c'était le pain. Le pain ma vie.
Et j'en étais heureuse.

Mais il manquait un piquant à ma vie.
J'ai besoin du théâtre.
Toujours.

J'ai cherché à nouveau, j'ai trouvé quelque chose. Mais... ça ne m'a pas convenu. J'y suis restée un mois.

Et puis cette année je me suis dit que j'allais me lancer dans un truc un peu plus fou. Le clown.
Mon ami Jean-François (théâtre 2003-2004) avait déjà franchi le pas. Stéphane d'Ubu Roi m'en avait parlé aussi. Et puis Matthieu m'avait toujours dit que plus tard, ce n'est pas prof le métier qui me convenait, c'était clown. Et puis j'avais déjà écrit sur le clown, sur le clown blanc, l'Auguste. La figure de clown m'a toujours fascinée.

Alors j'ai cherché un cours, et j'ai trouvé.

Le clown, c'est une figure.
Quand on entre dans la salle, on entre dans un monde un peu différent, un monde où tout n'est que bienveillance (Nicolas, le "prof" nous a dit ça dès le premier jour, et ça m'a énormément touchée). Pas de ridicule, pas de méchancetés, on est là. Ici, maintenant, on se livre.
Le moment où l'on enfile le nez rouge dans la coulisse, devant le miroir, est toujours un peu solennel. Puis on se fait un mini check up, comment est-ce que je suis là ? Quel clown est-ce que j'incarne ?

Et hop on arrive sur scène. Seul ou en duo. Pas de texte forcé. Une attitude, une présence.
Le regard du public, à ne jamais perdre surtout. Et puis on se livre. On ne sait pas trop comment, mais on essaye. Une mimique, une autre ? Surtout ne pas réfléchir, mais regarder. Regarder les commissures des lèvres du public chéri. Si elles se lèvent un instant, j'ai trouvé un atout. Un truc qui fait rire. J'essaye de le faire revenir tous les quelques temps.

Le clown est là.
Célébration de l'être par le détour de la dérision.

Il y a une profondeur du clown. Le clown n'est pas le pitre, il est là.
Il me révèle à moi-même. Il me calme.
Mon clown m'apaise,
mon clown me libère
je me lâche.
Mon clown est mon ami, il est moi, il est mon exutoire.
Il n'y a plus le pétrin, il n'y a plus les kilos et les kilos de farine, il n'y a plus à courir au four, à laminer ses pâtons, il n'y a plus les démissions, les nouvelles boîtes, les tracas.

Juste une dizaine de clowns qui s'amusent. Qui rient.
La bonne poilade.
Jeudi soir, minuit, je dors. Peu. le réveil est matinal.
Je retourne faire mon pain, et sur mon nez de Marie-Christine, il reste un peu de rouge, probablement.

1 commentaire:

MC a dit…

Superbe, MC!
Je t'y vois et je m'y sens...