mercredi 27 mai 2009

Un an

23 ans, hier.

Généralement, j'aime faire des pages "bilan" la veille de mes anniversaires. Et chaque année je constate que j'ai traversé mille choses plus enrichissantes que celles de l'année précédente.

Évidemment, cette année a été spéciale

enivrante


vertigineuse


Je ne sais pas la résumer, je ne sais pas la qualifier. Elle était tout.

Magiques, les trajets en vélo dans la nuit pour cueillir l'aube entre une pétrissée et l'autre; sensuel, le plaisir de façonner les pains spéciaux du matin et de caresser les pâtes à viennoiseries aux odeurs enchantées; gratifiant, le départ du Grenier à Pain à la fin de la journée avec une baguette que l'on a soi-même faite.
Et douloureux le dos à la fin de la journée, décourageantes les journées où rien ne se passe comme on le voudrait, humiliantes les moqueries souvent trop répétées.


Et pourtant... pourtant j'ai tellement tout aimé. Apprendre enfin quelque chose qui donne l'impression d'être pleinement vivant, vivre d'ailleurs, tout simplement, pour quelque chose d'essentiel, de terrestre - pleinement.

Il y a un an, j'étais en Angleterre. Et après m'être sentie idiote devant quelques amies qui savaient transformer en un tournemain quelques restes de frigo en soufflés, hachis, et autres plats fondateurs que je ne savais pas confectionne, j'avais décidé pour Paques de faire moi-même la pate à pizza de mes manaiches libanaises (pizzas au thym et au sésame). Et puis, j'avais continué. Je m'étais lancée. Les sacs de farine du Sainsburys s'enchainaient, je m'étais mise à la cuisine. A fond. Et au pain.

Les pains indiens sans levure, les pains complets, les petits pains au lait qui étaient chaque fois meilleurs avec l'expérience.

Tout changeait.


A mon retour à Paris, je demandai à Oriane si ses parents restaurateurs ne connaitraient pas un artisan boulanger pour que je passe une semaine chez lui. Je pensais alors faire un CAP adulte en trois mois à partir de janvier 2009. Et puis elle m'avait répondu "mais fonce, va voir des gens près de chez toi, demande, raconte ton histoire". Sur le chemin, tout de meme, un coup de fil à Nathalie "Nathalie, j'ai envie de faire quelque chose de fou" Et là, elle m'avait répondu "c'est GENIAL".

C'était la première à me le dire.

Le boulanger de la rue Madeleine Michelis avait dit oui. "Revenez la semaine prochaine". La semaine suivante, je ne l'avais pas vu le premier jour, ni le second. Le troisième, je m'étais pointée à 4h du matin et on m'avait dit qu'il était parti une semaine.

J'étais paumée.

Et là Matthieu tout naturellement "va au Grenier à Pain, il y a toujours du monde au fond de la boutique, le boulanger est toujours là". Une heure après, j'étais au Grenier à Pain. Damien acceptait que je vienne découvrir le fournil le lendemain. Une semaine après, j'étais inscrite en BEP.

Voilà, voilà la révolution de mon année. Mon année folle.

Oui, j'ai passé un BEP boulangerie, je ne l'aurais jamais cru. Qui d'ailleurs l'eut cru ?
Et pas un jour je ne l'ai regretté. J'ai presque regretté de ne pas l'avoir fait plus tot.
Que me réservera cette année ?
Qui vivra verra.

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